Structure de la peau
L’environnement marin est 800 fois plus dense que l’air, avec 18-25 fois plus d’échanges thermiques et la pression augmente de 1 bar tous les 10 m de profondeur.

Ce sont précisément ces données qui influencent la structure du tégument.
La peau des Delphinidés adultes est lisse, tendue, glabre et dépourvue de glandes tégumentaires (exception faite des glandes mammaires en position inguinale) et dépourvue de pores.

Chez le foetus et le jeune cependant la base du melon est garnie d’une rangée de poils qui disparaîtront rapidement (avant un an chez l’orque).


L’épiderme
est un épithélium stratifié, formé de trois couches.
Les épidermocytes se renouvellent très vite, en rapport avec une desquamation rapide des cellules kératinisées superficielles.
Cette incessante desquamation empêche la fixation d’algues ou de parasites freinant le mouvement.
Le derme
se caractérise chez tous les Cétacés par l’absence de follicules pileux et par la même occasion de glandes sébacées.
De nombreux corpuscules sensoriels se répartissent sur le rostre, les lèvres, le ventre, la région ano-génitale.
Les contacts entre individus représentent une partie non négligeable de la communication intra-spécifique chez les Cétacés.
Le toucher intervient dans la parade nuptiale, mais aussi lors de la respiration des Cétacés.
La périphérie du ou des évents est sensible à la pression et permet au Cétacé d’apprécier la distance qui sépare son évent de la surface.

Par mer calme, les orques commencent à expirer à 10 ou 15 cm de profondeur.
Cette technique permet de rester moins longtemps en surface pour respirer.

La peau des mâchoires serait sensible à la pression de l’eau lors de la nage.
Les Odontocètes estimeraient leur vitesse en fonction de la pression ressentie à ce niveau.
Dans le derme enfin on note la présence de papilles, richement vascularisées et innervées, qui s’engrènent profondément dans les sillons épidermiques et contribuent ainsi à augmenter la surface de la couche germinative de l’épiderme... couche qui permet la formation d’un épiderme aussi épais.

Les bourrelets dermiques semblent dirigés sur tout le corps de l’ animal de façon analogue aux lignes d’écoulement de l’eau autour du Cétacé en mouvement.
L’hypoderme
est la couche la plus riche en graisse, dont la composition et l’épaisseur varient selon les saisons. Il joue un rôle essentiel dans la thermorégulation. Les échanges de chaleur avec l’eau sont 25 fois plus importants que ceux qui s’effectuent avec l’air à la même température. La présence d’un épais tissu adipeux permet de lutter efficacement contre les pertes de chaleur excessives.

L’aileron dorsal et la nageoire caudale, fortement vascularisés, représentent par leur grande taille une grande surface d’échange avec l’eau et jouent donc un rôle important dans la thermorégulation.
Les muscles cutanés
s’insèrent sur le fascia profond des muscles du tronc et ainsi assurent une relation anatomique entre la masse des muscles squelettiques et les couches stratifiées de la peau.
L’innervation segmentaire des muscles cutanés fait que chaque segment peut se contracter de façon autonome (Damiens, 1986) : dès que le flux tend à devenir turbulent la peau se creuse localement de manière à maintenir le flux laminaire.
La résistance de l’eau sur un système rigide (Gray, 1936) montre que les dauphins, les orques devraient disposer, pour atteindre 55 km/h (vitesse de pointe), d’une puissance musculaire 7 fois supérieure à celle des autres mammifères. Ce phénomène (contraction segmentaire des muscles peauciers) permet alors d’expliquer ce paradoxe.
La peau de l’orque constitue donc un véritable organe dynamique, elle intervient dans la locomotion d’une manière active.